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    Que signifie « servir Mammon » ?

    Traditionnellement, l’expression « servir Mammon » signifie se soucier davantage de la richesse matérielle que de la vie spirituelle, vivre à la recherche du plaisir et compter uniquement sur la richesse et l’argent au lieu de faire confiance à Dieu et de se soumettre à sa volonté.

    Mammon (également orthographié mammon) est un mot araméen trouvé dans les Évangiles de Matthieu (Matthieu 6 :24) et de Luc (Luc 16 :13). Il signifie « richesse » et a probablement été emprunté à l’hébreu, où le mot « mamon » a la même signification. On pense qu’il est entré dans l’hébreu à partir des langues cananéennes. Il a été suggéré que Mammon était le nom du dieu syrien de la richesse, mais les érudits modernes contestent cette hypothèse. Jésus-Christ mentionne Mammon dans l’Évangile lorsqu’il parle de l’attitude appropriée à l’égard des richesses terrestres : Nul ne peut servir deux maîtres : car ou bien il haïra l’un et aimera l’autre ; ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon (Matthieu 6 :24). Voici comment le bienheureux Jérôme de Stridon explique ces paroles :

    “En syriaque (araméen), mammon est le mot pour richesse. Vous ne pouvez pas servir Dieu et la richesse ! Que l’avare écoute cela, que quiconque porte le nom de chrétien écoute qu’il ne peut pas servir simultanément la richesse et le Christ.”

    Les Saints Pères de l’ascèse ont souligné à plusieurs reprises qu’une personne qui accumule, même sous le prétexte le plus plausible (« il faut avoir une réserve pour les jours de pluie »), commence à compter davantage sur la richesse que sur la Providence de Dieu. Ce n’est donc pas un hasard si, continuant la phrase sur Mammon, le Christ ajoute : C’est pourquoi je vous le dis, ne vous inquiétez pas de votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez ; ni de votre corps, de ce que vous porterez (Matthieu 6 :25). Ici, « ne vous inquiétez pas » signifie « ne soyez pas anxieux ou difficile ». Certes, une personne doit travailler pour obtenir de la nourriture, des vêtements et d’autres biens matériels, sans lesquels la vie est tout simplement impossible. Cependant, les pensées sur ces choses ne devraient pas consumer les gens, occuper tout leur temps, servir de source supplémentaire d’anxiété, de peur ou interférer avec leur vie spirituelle. Par cette phrase, le Christ appelle à l’espérance et à la confiance en Dieu, en se rappelant que la vie d’une personne ne dépend pas de l’abondance de ses biens (Luc 12 : 15).

    Cela ne veut pas dire qu’un croyant ne peut pas être riche. La Bible mentionne de nombreux saints très riches, par exemple Abraham et Joseph d’Arimathie. Le problème ici n’est pas la quantité d’argent et d’autres biens, mais l’attitude à leur égard. Tournons-nous vers l’interprétation susmentionnée du bienheureux Jérôme de Stridon : “Il (le Christ. – NDLR) n’a pas parlé de celui qui possède des richesses, mais de celui qui est esclave de la richesse. En effet, celui qui est esclave de la richesse conserve la richesse comme un esclave, et celui qui a secoué le joug de la richesse la distribue comme un maître.”

    Dans un certain nombre d’interprétations patristiques, Mammon ne se réduit pas exclusivement à la richesse et à la thésaurisation. Saint Jean Chrysostome développe le concept de Mammon et le considère, en principe, comme un symbole des plaisirs matériels terrestres, dont la poursuite contredit l’enseignement évangélique : « Quand Mammon nous ordonne de voler ce qui appartient aux autres, et Dieu nous ordonne de donner nos biens ; quand Dieu nous ordonne de mener une vie chaste, et Mammon nous ordonne de vivre dans la promiscuité ; quand Mammon nous ordonne de boire et d’abuser, et Dieu, sur le au contraire, nous commande de freiner le ventre : « Quand Dieu nous commande de mépriser les biens du monde présents et que Mammon s’y accroche ; quand Mammon nous oblige à nous émerveiller devant le marbre, les murs et les toits, et que Dieu nous oblige à mépriser tout cela et à vénérer la vraie sagesse : comment pouvez-vous dire que servir Dieu et Mammon peuvent être combinés ? .. D’où le mal incalculable, d’où les querelles, les insultes, les conflits, les travaux, l’aveuglement spirituel ; et le plus insupportable de tous, servir Mammon nous prive complètement des bénédictions célestes.

    Le Vénérable Isaïe l’Ermite comprenait Mammon de la même manière : ” Mammon est chaque action de ce monde. Le véritable service envers Dieu est de n’avoir rien dans l’esprit qui soit étranger à Dieu. ” En d’autres termes, quiconque se soucie de quelque chose de vain, de transitoire et étranger aux commandements de l’Évangile sert Mammon.

    Publié dans : magazine « Thomas » (Phoma), 11/07/2024, https://foma.ru/

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    First published in this link of The European Times.

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