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    Code d’éthique de l’UE et préjugés à l’égard des minorités religieuses

    Le Code de bonne conduite administrative de la Commission européenne oblige les fonctionnaires de l’UE à agir de manière légale, impartiale et sans discrimination. Pourtant, les minorités religieuses et de conviction signalent que les pratiques administratives quotidiennes ne correspondent pas toujours à ces obligations, notamment en matière d’accès au dialogue, de traitement des plaintes et de réponse aux demandes d’informations.

    Un code contraignant sur le comportement des fonctionnaires de l’UE

    Le 4 décembre 2024, la Commission européenne a adopté la décision (UE) 2024/3083, établissant un code autonome de bonne conduite administrative destiné au personnel de la Commission européenne dans ses relations avec le public. Le Code transforme le « droit à une bonne administration » inscrit à l’article 41 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE en règles précises régissant la conduite des fonctionnaires de la Commission.

    Il s’applique à tous les fonctionnaires et autres membres du personnel de la Commission et indique aux experts nationaux détachés, aux stagiaires et aux sous-traitants comment ils doivent interagir avec le public, y compris les communautés religieuses et de conviction.

    Le Code est construit autour de principes clés :

    • Régularité — les fonctionnaires doivent appliquer le droit de l’UE avec précision et respecter toutes les règles et procédures.
    • Égalité de traitement et non-discrimination — aucune différence de traitement fondée sur la nationalité, le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle.
    • Objectivité et impartialité — les décisions ne peuvent être influencées par des préférences personnelles ou des considérations politiques.
    • Cohérence — les cas similaires doivent être traités de la même manière et les écarts doivent être justifiés.

    Elle introduit également des garanties procédurales :

    • Les réponses au public doivent normalement être envoyées dans un délai de 15 jours ouvrables.
    • Une réponse d’attente doit être envoyée lorsqu’un délai supplémentaire est nécessaire.
    • Les individus doivent être correctement informés des motifs des décisions, y compris des possibilités d’appel.
    • Les plaintes concernant des violations du code peuvent être déposées auprès du Secrétariat général de la Commission, puis auprès du Médiateur européen.

    Religion et croyance : un terrain protégé

    Le Code reflète explicitement l’article 21 de la Charte européenne, qui interdit la discrimination fondée sur la religion ou les convictions. Cela signifie que les autorités ne peuvent pas traiter les minorités religieuses différemment des acteurs religieux importants ou familiers – à moins qu’ils ne puissent le justifier objectivement et dans les limites du droit de l’UE.

    Le droit de l’UE le fait pas reconnaître des catégories telles que « religion traditionnelle », « église historique » ou « religion culturelle » comme critères valables pour prioriser ou exclure les parties prenantes. Ces termes n’apparaissent pas dans l’article 17 du TFUE, l’article 21 de la Charte, les règles de l’UE en matière d’accès aux documents, la jurisprudence de la CJUE ou la jurisprudence de la CEDH. L’UE ne peut légalement établir des hiérarchies religieuses fondées sur la tradition, l’âge ou l’acceptation sociale.

    Comment les fonctionnaires peuvent – ​​et le font parfois – enfreindre ces règles

    Malgré la solidité du cadre juridique, les préoccupations de longue date soulevées par la société civile, les experts et les enquêtes du Médiateur mettent en évidence des tendances récurrentes susceptibles de désavantager les minorités religieuses.

    1. Des critères opaques et changeants pour l’accès au dialogue au titre de l’article 17

    Les organisations de la société civile ont documenté des cas dans lesquels des minorités religieuses ou de conviction ne sont pas invitées à des consultations ou à des réunions au titre de l’article 17 du TFUE, sans justification adéquate. Une décision de 2013 du Médiateur a constaté une mauvaise administration dans la manière dont la Commission avait organisé des réunions de haut niveau avec des chefs religieux, soulignant un accès inégal entre les acteurs religieux et non religieux.

    2. Utilisation informelle d’étiquettes telles que « traditionnel » ou « non traditionnel »

    Certains responsables continuent de faire référence aux religions « traditionnelles » ou « historiques » dans leur correspondance ou dans le choix de leurs réunions, même si ces catégories n’ont aucun statut juridique. Cela peut conduire à un traitement préférentiel des acteurs majoritaires et à un scepticisme injustifié à l’égard des nouvelles communautés religieuses.

    3. Inégalité de traitement dans la gestion administrative

    Les retards dans la réponse aux lettres, l’absence de motivation des décisions ou le traitement incohérent des demandes d’accès aux documents peuvent constituer une discrimination indirecte lorsqu’ils affectent systématiquement les communautés minoritaires.

    4. Défaut de répondre aux allégations de discrimination

    Le Médiateur a critiqué la Commission dans des affaires antérieures pour ne pas avoir pris au sérieux les allégations de discrimination. Lorsqu’une communauté minoritaire s’inquiète d’une inégalité de traitement – ​​par exemple, être exclue des cycles de consultation ou ignorée dans les processus de dialogue – les responsables doivent évaluer ces réclamations et y répondre de manière significative.

    5. Consultation sélective des parties prenantes

    Les experts et les députés ont averti que certains services de l’UE s’appuient de manière disproportionnée sur des interlocuteurs religieux majoritaires, accordant ainsi moins de poids aux communautés plus petites ou moins familières malgré leur égalité juridique. Cela contredit les principes d’impartialité et d’égalité de traitement du Code.

    Ce que les minorités religieuses peuvent faire lorsque le Code est ignoré

    • Référencer directement le Code dans la correspondance lorsque les délais ne sont pas respectés ou que les décisions sont inexpliquées.
    • Déposer une plainte officielle à l’unité d’éthique et de bonne administration du Secrétariat général.
    • Transmettre au Médiateur européen en cas de non-réponse, de retard déraisonnable ou de traitement discriminatoire.
    • Engager les députés européens concernés — en particulier ceux de l’intergroupe FoRB du Parlement — pour assurer le suivi politique.

    L’adoption de la décision (UE) 2024/3083 signifie que les normes sont claires. Le défi restant consiste à garantir que toutes les communautés – majoritaires ou minoritaires, religieuses ou non religieuses – soient traitées avec l’équité et la dignité qu’exige le droit de l’UE.

    Sources

    • Décision (UE) 2024/3083 de la Commission établissant le code de bonne conduite administrative.
    • Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, articles 21 et 41.
    • Article 17 TFUE – Dialogue de l’UE avec les églises, les associations religieuses et les organisations philosophiques.
    • Décisions du Médiateur européen relatives à la discrimination et à la mise en œuvre de l’article 17.
    • Recherches du Parlement européen sur la liberté de religion ou de conviction et le dialogue institutionnel.

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    First published in this link of The European Times.

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